jeudi 29 novembre 2007

Trop de gens qui s'aiment


De : Jean-Pierre

Ligne 14, avant-hier soir, station Bercy.

Sagement installé dans le métro, j’essayais de me distraire en cherchant une bonnasse à mater. Le marché aux thons était ouvert, et je ne trouvais rien d’intéressant à fixer dans ma rétine.
Le métro ralentit, arrive à Bercy, les portes s’ouvrent, quelques boudins sortent pour laisser place à d’autres mochetés.

D’un coup j’entends : « Mesdames, Messieurs » et je me dis « oh putain, encore un pauvre qui a passé sa journée à fumer des clopes et à boire du gros rouge, et qui va tenter de me soudoyer quelques euros pour se payer une pute ». Comme tout bon lâche, je tourne la tête de l’autre coté, sans même regarder à quel énergumène j’avais à faire.
Et il reprend « Mesdames, Messieurs… ». Je m’attends déjà à « Yé pa lagent, y les enfants fo manger, si youplait, donne moi lagent » et au contraire j’entends « Cette femme est amoureuse… et c’est moi qui la rend amoureuse comme ça… Ah ah ah ah ».
Putain, c’est pas un connard de pauvre, c’est tout simplement un connard de jeune qui est heureux et qui pense que sa meuf l’aime. Tant d’émotions et de bonheur, m’oblige à regarder dans leur direction… Horreur !!! Oh putain, les gueules qu’ils se tapent les deux cons. Ils sont bien assortis. Et lui, il continue « C’est moi qui l’ai rendu amoureuse » dit-il à voix haute comme un gros blaire qui ne se rend même pas compte qu’il sort avec un monstre. Et elle, elle est de plus en plus rouge et de plus en plus moche, mais elle est fière de son Homme, quelle bravoure, oser déclarer à tout un métro qu’il m’aime.

Oh oui, quelle bravoure !!! Putain rien qu’oser être assis à coté d’un thon pareil c’est un exploit alors dire à tout le monde que c’est ta meuf c’est proche de l’héroïsme.
Enfin, je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça, mais franchement, je ne me vois pas beugler à travers un wagon, que j’aime une meuf et faire mon prétentieux en racontant qu’elle est heureuse grâce à moi.
J’avais envie de m’approcher d’eux et de leur souffler à l’oreille « je comprends que tu sois content d’avoir rendu une femme amoureuse, car vu ta gueule ça ne doit pas être facile, mais faudrait pas trop te vanter non plus, car t’as décroché là un joli spécimen que je n’avais encore jamais eu la chance de rencontrer même dans un zoo ».


Voila, les gens qui s’aiment ça me fait chier.