mardi 22 janvier 2008

Mes souhaits pour mon fils


De : Le Colonel

Il est vrai qu'avant d'avoir mon fils, je tenais des discours grandiloquent vantant les mérites de faire une grande école type HEC, ESSEC, EM Lyon ou autre […]. Disons que je considérais ces grandes écoles comme des roues de secours lui permettant de revenir sur le droit chemin professionnel si le reste n'a pas réussi. Bref.
Puis, l'âge évoluant, j'ai changé mon fusil d'épaule... J'ai changé mon fusil d'épaule tout simplement suite à un constat fait sur moi-même. J'ai 31 ans dont 12 d'erreurs de parcours. 12 ans de contradiction avec moi-même. 12 années à penser un chemin puis finalement prendre l'autre parce que "c'est plus normal". Aujourd'hui, je paie la note et c'est trop tard. Aujourd'hui, je m'accommode de ce que j'ai mais je ne prends aucun plaisir tout ça parce que je n'ai pas eu le courage d'assumer en toute sérénité mes choix. Donc, j'ai suivi comme un con à faire semblant. Le marketing ? Je m'en balance. La finance ? Rien à battre. L'économie ? Strictement rien à péter. La bourse et toutes ces conneries, je m'en fous. Le commerce ? Je m'en râpe les noyaux. Le merchandising ? Je m'en carre un oignon entre les 2 fesses. Etc...
Aujourd'hui encore, je me surprends à acheter un journal économique de temps en temps. Puis, en pleine lecture d'un article, je lève le nez et je me dis tout haut "Je ne comprends rien à ce que je lis depuis tout à l'heure... d'ailleurs je ne sais même pas de quoi ça parle et j'en ai rien à foutre....et pourtant, je "lis" le journal... Encore un acte de faux-semblant..." et je balance le journal à la poubelle. Voilà, dans ce geste, c'est un peu toute ma vie. J'achète le journal, je prends l'air sérieux en lisant un article sur le rapport Attali, au regard des gens qui me croisent je suis dans la normalité du mec de 30 ans raisonnable et responsable. Sous mes yeux, les mots défilent, je donne une image, et dans ma tête je ne retiens rien, je ne sais pas ce que j'ai lu, je m'en fous complètement. Et pourtant je viens d'acheter le journal. C'est navrant n'est-ce pas.
Donc je veux simplement que mon petit Liam soit strictement l'inverse de ça. J'aurai plus tendance à le pousser vers des professions artistiques, scientifiques ou littéraires. S'il choisit pour mon plus grand bonheur cette voie là, qu'il le fasse à fond. De ce côté je serais intransigeant. Je veux qu'il ait une vie singulière car rien ne compte plus pour moi que la singularité. Je ne veux pas entendre dans sa bouche "j'aurai aimé...". Non. Fais le.
Je serais tellement fier de voir mon fils jouer à la comédie Française. Fier d'assister à une expo de ses oeuvres photographiques. Fier de le voir travailler à la rénovation d'une église du 12ème siècle en tant que tailleur de pierres. Fier d'assister à sa remise des diplômes à l'Ecole du Louvre. Fier de le voir partir étudier les grands singes d'Ouganda pour sa thèse, fier de lire une de ses publications dans La Blanche de Gallimard.
Je voudrais qu'il soit un furieux, un sauvage bouffeur de la vraie vie appliquant ce que disait Jim Morrison "la vie est peut être courte mais elle est large", je voudrais qu'il surprenne tout le monde... Je veux le voir, cheveux en bataille, regard vif et perçant telle une lame de Tolède, visage aux traits taillés au couteau, le teint hâlé, muscles saillants, monter sur le pont d'un bateau, se torcher le mont blanc à 17 ans, figurer à la guilde des explorateurs, être invité sur des plateaux télés parce qu'il sera devenu un leader d'opinion, je veux le voir rouler dans une voiture de collection cabriolet, vivre dans une petite maison en pierre... Je veux qu'il sente le vent, la nature, je veux qu'il regarde, qu'il comprenne, qu'il respecte. Qu'il soit furieux. Intimidé par personne, droit dans ses pompes.
Voilà, grosso modo.