jeudi 15 mars 2007

Le stagiaire marketing


De : Jack

Messieurs,

Mon petit plateau repas à la main, ce midi, je vais rejoindre mes camarades de service pour profiter de mon carré de porc à la sauce au miel aigre douce. Je m'assois, sans l'avoir cherché à côté de Marie-Charlotte.
Séparés de nous par quelques places, déjeunent, quand nous nous asseyons, un petit groupe de jeunes stagiaires du marketing stratégique. Deux filles et un garçon.

Nos discussions de repas commencent. Pas trop éloignées du boulot pour certaines, un peu plus en ce qui me concernent avec Jeff.
Alors que je viens d'attaquer le dernier quart de l'assiette de mon plat de résistance, deux autres collègues de mon service nous rejoignent en s'insérant entre nous et les stagiaires. Dès lors, les groupes sont en relation. Nous allons pouvoir nous mélanger... Deviser.

Un camarade entame la conversation avec le stagiaire. Il lui demande quand se termine son expérience chez X. S'il est content de ce qu'il a fait jusqu'alors... Les perspectives qui s'ouvrent à lui.

Et là, je suis entré dans la quatrième dimension.

Le gars, stagiaire donc, ayant une petite vingtaine de piges. Avec sa petite cravate et son beau costard, entame une discussion dans laquelle apparaîtront les termes : "croissance externe", "évolution de carrière", "potentiel international" et autres bizarreries du type...

Et soudain me revient dans la gueule, comme une baffe, mon passé. Pas si lointain, au fond : je me revois stagiaire. Je me revois causant avec mes maîtres de stage ou collègues d'alors. Et il me semble n'avoir absolument jamais utilisé de tels termes.

Une chose est sûre dans une petite vingtaine de mois, il sera intégré dans une direction marketing, aura certainement un métier passionnant lui bouffant tout son temps... Sa vie peut-être.
Mais putain, il a 20 piges. Il était avec deux meufs dont une pas mal du tout. Essaie de lui bouffer le cul mon gars !

Essaie de vivre !

Essaie de rire !

Sourire au moins !

De : Le Colonel

Oui ! Qu’il lui bouffe le cul !! C’est ça le monde de l’entreprise ! Moi c’est ce que j’en retiens. Dans le monde de l’entreprise, il y a un potentiel de bouffage de cul incroyable !! L’entreprise, c’est un baisodrome.

dimanche 11 mars 2007

La course des 3 pignons


De : Le Colonel

Figurez-vous qu’en ce dimanche matin, je me suis fait la course verte des 3 pignons.

Eeeeeh oui ! Et bien m’en a pris car j’ai explosé le chrono… mais dans l’autre sens.

Il y a 1 mois de cela environ, Jean-Damien (que je ne présente plus désormais) me lance la question suivante : « tu serais motivé pour les 3 pignons ? ».

Et j’ai dit oui.

Ben voyons !

Zéro entraînement, 16 bornes dans les 3 pignons, je vous laisse imaginer.

Quoi qu’il en soit, je m’aligne sur la ligne de départ, au beau milieu de cette fameuse race de coureurs en moule burnes, en maillot orange et violet « ASPTT Triathlon Bures-sur-Yvette », « La foulée du Sanglier 2003 », entourés de 5 quinquas avec la même tenue « Athlétisme club Pontault-Combault » et le petit short/slip qui va bien…

Me voilà au milieu de tous ces galopeurs qui s’échangent entre eux des « Oh salut Michel ! Je t’ai pas vu la semaine dernière aux 10 kms d’Iteville ?! », « Eh Gérard il nous a fait un 52’14’’ y a 2 semaines aux 15 bornes Nandy ! », « T’y vas toi à la Foulée des Biches la semaine prochaine ? Moi je sais pas. Je vais voir ce que je fais aujourd’hui. Mais depuis le Médoc, j’ai mal au genou ».

Bref, quoiqu’il en soit, je sais bien que ces Michel, Gérard et autre Bernard, ainsi que les pompiers qui sont collés à la ligne de départ depuis 6h du mat’, vont me mettre minable, même s’ils ne ressemblent à rien tous ces vieux qui courent.

BANG. Le départ est donné. Je suis chaud. Je me suis étiré avant pour faire comme tout le monde, j’ai trottiné. Je me sens chaud. Du coup, j’en double un paquet. C’est déjà ça de pris d’avance. Je vais essayer de mettre un peu de distance avant qu’ils ne me rattrapent d’ici une demi-heure.

Je scotche sur une petite blonde super canon. Je la colle. Je matte son cul, ça fait oublier la douleur qui commence déjà à se faire ressentir alors que je viens à peine de passer le petit panneau bleu qui marque « 3 km »…

Ils auraient tout aussi bien fait de marquer « T’es pas arrivé mon coco espèce de merde physique » sur ce foutu panneau. J’entame un décompte. Plus que 13 bornes.

Oh bordel, je vais pas tenir… Merde, le petit cul prend déjà la poudre d’escampette.

Honte sur moi. Il m’en faut un autre à mater, vite. Ah ! En voilà un… Quel bonheur ces tenues de sport pour nanas... je l’emmènerai bien dans les buissons celle-là…

6 km. Mon deuxième petit cul s’en est allé… Ca y est, je dois être en queue de peloton, il n’y a plus que des vieux culs qui traînent. Normal. Ca fait belle lurette que les petits culs sportifs sont partis loin devant. J’ai même plus ça à me mettre sous la dent.

7 km. Je m’arrête pour pisser (sauf que j’ai pas envie mais je suis mort…).

10 kms. Ravito. Je me jette sur le chocolat, les oranges, la flotte. J’ai même pas de montre, je sais pas où j’en suis. Je chope une nana, je lui demande. 1h03. Putain pas mal. 10 bornes en 1h03. Seulement voilà, j’ai plus de jambes. Je repars en trottinant. Et là, accrochez vous bien, j’affiche 3 crampes en 3 kilomètres. Pour le coup, je suis vraiment mal. Je croise même un commissaire qui est déjà en train de plier les chaises, les fanions… Blasé je m’arrête et je cause un peu avec lui. Il me rassure et me dit que je ne suis certainement pas le dernier. Du coup je me retourne.

Il a raison le garçon.

J’aperçois, au loin… les handicapés poussés dans leurs chaises par d’autres
coureurs !

Je reprends une petite foulée pour m’arrêter à nouveau 500 mètres après, histoire de causer avec un photographe qui avait un bel appareil.

Il est mort de rire de me voir m’arrêter pour causer photo au milieu de la course.

Mais mine de rien, les kilomètres passent et j’en arrive à voir la ligne d’arrivée, là bas, au loin où Jean-Damien m’attend depuis un bon quart d’heure, facile. Allez, dernier coup de collier, j’arrive en trottinant. Les gens m’applaudissent !!!! Quel honneur !!!!! Je me retourne…. Ah… ce sont les handicapés qui arrivent. Tout le monde se fout de ma gueule et applaudit les handicapés.

Du coup, je me retourne et je fais pareil. Bravo les handicapés.