jeudi 30 décembre 2010

Le thermos



De : Jean-Pierre

Oh putain, ça va faire mal les petits gars !!!
Le roi des cons vient de prendre une décision et rien qu’avec celle là, il vient de vous détrôner à vie.
Je me suis déjà senti con, mais là, pour sûr jamais à ce point là. Tout est parti d’un bon sentiment…
Je commence. Ca fait pas loin de 3 semaines, que trône dans une salle de réunion, non loin de mon bureau, un thermos à café grand volume. A chaque fois, que je passe devant, je me dis « tiens, c’est un truc comme ça qu’il me faudrait pour préparer un vin chaud ou thé pour mes camarades de foot lorsque l’on joue en hiver »… Voilà le bon sentiment… Pendant 3 semaines cette même idée me trotte dans la tête « si elle est encore là demain, je la chourave »… mais ma bonne conscience me rappelle à l’ordre et m’interdit ce menu délit.
Toutefois, avant-hier, je prends les devants, le plaisir de faire plaisir à mes amis est trop fort… j’entre dans la salle de réunion, et visse le bouchon du thermos… Et oui pas con le mec. J’anticipe le vol. Le contenant bien fermé, il ne me restera plus qu’à le fourrer dans mon sac et en quelques secondes, l’objet aura disparu, ni vu ni connu. Horatio Caine, pourra envoyer toute son équipe sur place, ils ne trouveront rien, je vais faire le crime parfait.
Hier soir, alors que je ne suis toujours pas passé à l’acte, je décide de me confier à ma bonne conscience qui n’est autre que ma collègue. Une fille droite comme la justice, qui s’offusque de la moindre incivilité. Après m’être confessé, sa réponse me convainc « cher Jean-Pierre, sur un chantier lorsque personne ne vient travailler pendant 2 semaines consécutives, on dit qu’il y a abandon de poste, je pense que dans ton cas, on peut parler d’abandon de thermos…Il n’attend que toi. »
C’est décidé, je le déroberai demain. Demain, étant aujourd’hui, la première chose qui me vient à l’esprit, commettre mon larcin. Je suis donc tout excité, je vérifie une dernière fois, qu’il n’y a pas de caméra dans le couloir… L’adrénaline envahit mon corps, mon cœur bat la chamade, j’ai les jambes qui tremble, je pousse la porte de la salle de réunion, vérifie qu’il n’y a personne, je n’allume pas la lumière et aperçois dans la pénombre, l’inox brillant du thermos qui n’attend que moi… Ni une, ni deux, ce dernier se retrouve tapi au fond de mon sac, je me dirige donc, avec ma tête d’honnête homme dans mon bureau, où m’attendent mes collègues…
J’ai le sourire aux lèvres, il ne me reste plus qu’à attendre la fin de la journée, pour sortir de l’immeuble avec mon petit magot.
Soudain, une forte odeur de caféine me monte aux nez… Je déplace mon sac et aperçois une tache noire sur le sol… L’odeur est de plus en plus présente, elle envahit le bureau… mes collègues commencent à se demander d’où cela provient. Je sors en panique du bureau avec mon sac à dos et cours me réfugier dans les WC pour constater les dégâts… J’ouvre mon sac et trouve mon bonnet et mes gants imbibés de café. Une véritable marre se forme sur le carrelage des toilettes… J’ai passé pas moins de 25 min à éponger le café de mon sac avec le PQ… J’étais accroupi par terre, et j’épongeais telle Causette dans les Misérables, j’astiquais le sol, frottais et frottais encore pour effacer les traces de ce maudit kawa... Une vraie Cendrillon… Les larmes coulaient le long de mes joues, pendant que mes mains s’imprégnaient du parfum du petit noir…
Une fois, le grand nettoyage accompli, j’ai vidé le contenu du thermos dans les WC et j’ai tenté de comprendre comment, ça avait pu fuir dans mon sac. En fait, c’est très simple, je n’ai pas volé un thermos à café, mais juste un récipient qui ne se ferme pas hermétiquement, c’est comme un bro d’eau, sauf qu’il est en inox et qu’il a un couvercle qui ne ferme pas… Bordel de bite, il y a 1 an, j’avais vu un vrai thermos et j’étais persuadé que c’était le même. Résultat des courses, j’ai un bouquin plein de café, des chèques vacances mouillés, une clé USB trempée, un sac à dos inondé et infecté par l’odeur acre d’un mauvais café… je suis dégouté… je suis le roi des cons, c’est terrible.

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