De : Le Colonel
Comme tous les matins, 8h18 à Brétigny, je monte dans le premier wagon du train me menant à Dourdan.
Comme tous les matins, au fur et à mesure des gares qui passent, le train se vide et, comme tous les matins, à partir de la gare d'Egly, nous ne sommes plus qu'une demi-douzaine dans le wagon. Toujours les mêmes.
Sur le trajet, à la gare de Breuillet, nous ramassons un certain nombre de collégiens, assez nombreux, qui ne restent que le temps de faire 3 arrêts. Une vingtaine environ monte dans mon wagon. Comme d'habitude, comme il est d'usage chez ces jeunes gens de cet âge issu de familles CSP un peu au dessus de la moyenne, ça chahute gentiment, ça rigole bêtement, c'est idiot. Bref, ça m'amuse beaucoup de les observer ces jeunes débiles en plein âge bête.
Si à leur âge nous aimions nous installer au fond du bus, à la place des "cool", eux montent s'installer à l'étage dans le wagon, pour les plus "cooool" d'entre eux (Les plus cool = Les plus merdeux). Le reste de la troupe s'était massée en fond de wagon, après les portes, laissant la partie inférieure pour nous, les adultes, les grands qui lisent le journal.Perdu dans mes pensées, je suis subitement tiré de mes songes par une odeur de brûler. Depuis que mon appart a connu les flammes pendant que j'étais installé tranquillement sur mes toilettes, je suis devenu une alarme incendie hors normes. Cette expérience a traumatisé et affûté mon odorat. Je te détecte un toast qui crame dans un grille-pain à 10 km à la ronde, j'hurle "Au feu, les femmes et les enfants d'abord", je déboule dans la cuisine que je passe entièrement à l'extincteur du sol au plafond.
Donc, je suis tiré de mes songes par cet odeur de brûler. Après un bref coup d’œil à l'extérieur pour m'assurer qu'il ne s'agit pas d'une odeur externe, je comprends vite que l'odeur vient de l'intérieur et qu'il y a une couille dans le potage.
En quelques secondes un voile de fumée et une odeur plus forte envahissent le wagon. Alors que les autres passagers se contentent de se boucher le nez en disant que "ça pue", je décide de passer à l'action.
Installé au fond du wagon, je tourne la tête et voit une quinzaine de collégiens regarder vers l'étage supérieur en disant "oh la la mais ils sont fous !". Une petite voyant que j'avais capté qu'il se passait quelque chose m'appela au secours par le regard.
Ni une ni deux, je bondis de mon siège et me précipite dans l'escalier. Je vois des flammes se propager entre 2 rangées de fauteuils et sous les fauteuils avec des gamins autour complètement dépassés par la connerie qu'ils venaient de faire. Ce qui fut drôle, c'est de les avoir vus me regarder comme le sauveur qui venait à leur secours. Rien de méchant mais j'ai bien mis 1 à 2 bonnes minutes à tout éteindre avec les pieds, en tirant les journaux qui étaient sous les fauteuils avec les mains. Je dois avouer que j'en ai un peu chié.
Je les engueulais en même temps car pas un seul n'est venu me filer un petit coup de main sous prétexte qu'ils n'avaient pas d'eau. Je ne leur en voulais pas, ils étaient affolés les gamins. Par contre, je voulais faire vite car tout est en plastique là dedans.
"M'aidez pas surtout !" leur disais-je.
"...Euuh... on en a jeté par la fenêtre déjà monsieur...."
Bref, une fois tout ça éteint, je me retourne et j'avais 20 paires d'yeux qui me regardaient. Et j'ai rien trouvé de mieux à faire que de leur passer un petit savon, tel le vieil adulte papa responsable, j'ai lancé la célèbrissime phrase : "Qui a fait ça ?"
Et là, comme le font tous les gosses du monde entier, j'ai entendu 40 000 phrases d'excuses de gosses affolés, en même temps, du genre :
"C'est pas moi monsieur, j'ai pas de briquet"
"C'est pas nous Monsieur !"
"Mais on a pas compris ... et puis alors..... et euuuuh..... et puis on a lancé par la fenêtre......"Et moi, serein et bien campé dans mes pompes, d'un ton de héros j'ai conclu par un : "Non mais vous êtes complètement malades ou quoi !!!?" et je suis redescendu à ma place.Tout le monde m'a regardé en héros, les gosses comme les adultes, putain c'était bon.