vendredi 19 février 2010

La fiche d'entretien individuel


De : Le Colonel

Je suis en train de remplir ma fiche de préparation à mon entretien individuel qui devrait avoir lieu lundi. Ca me broute.
J'ai envie de lui donner une thématique genre "Super Héros".

"Quelles sont vos missions permanentes et domaines de responsabilités ?"
Sauver le monde du chao et de la barbarie. Enrayer le réchauffement climatique. Assurer la reproduction du thon rouge. Faire en sorte que Mika arrête de chanter.

"Principales réalisations dans le poste"
Suis intervenu à temps alors que Mme Fonciette, 84 ans, allait louper la serrure de sa porte avec sa clé.
Ai réussi à faire un gratin de pomme de terre pour 4 alors qu'on était que 2. Du coup, on a pu manger 2 jours dessus.
Ai fait entendre raison à un militant d'extrême droite de ne pas aller brûler Dieudonné tout ça par ce qu'il est noir.
Ai fait entendre raison à un militant d'extrême gauche que s'il veut gagner sa vie, c'est pas en se grattant les balloches à longueur de journée et en disant "oooouuuaaisss c'est dégueulasse on est tous frèèèère... de toute manière on a rien à y gagner de cette société consumériste... GREEEEVVVE.... enculé de riches euuuuh si tu pouvais me filer du pognon aussi ça s'rait quand même fraternel" qu'il va pas arriver à grand chose.

"Analyse des résultats obtenus"
Mme Fonciette a pu regarder la roue de la fortune en rentrant à temps chez elle. Elle m'a offert des Mon Chéri à Noel pour me remercier.
Très bon gratin, pommes de terre fondantes, peut être un peu trop de crème.
Le militant d'extrême droite m'a téléphoné tout à l'heure. Il a toujours "pas compris toute la phrase que ce que t'as dit".
Le militant d'extrême gauche s'est inscrit au Pôle Emploi.

"Quels sont vos souhaits d'évolution professionnelle ?"
Raccrocher mon costume de Super Héros et Devenir Maître du MOOOONDE AH AH AH AH AH AH…

"Moyens à mettre en œuvre pour accompagner l'évolution"
Etablir mon diabolique repère sous un volcan, tuer tous les chefs d'état et construire une arme à rayon laser indestructible à portée cosmique et que si on "me donne pas 100 000 000 000 000 000 000 de dollards d'ici 1 heure, JE RAYE UN PAYS DE LA SURFACE DE LA TERRE TOUTES LES MINUTES DE RETARD ! T'AS COMPRIS ?! J'VAIS TOUT CRAMER ! T'as 1h Sullivan. Clic. Bip...bip...bip...bip"

Je sais pas si ça va passer en entretien...

jeudi 11 février 2010

Gollum


De : Jean-Pierre

Metro 7, Opéra, un jeune, jean, basket, sweat à capuche avec capuche sur la tête, sac de sport et mitaines, entre dans ma rame. On dirait une bête sauvage traquée par des chasseurs. Il s'assoit sur les strapontins à coté des portes, regarde autour de lui, se lève, se rassoit, se relève et s'éloigne pour s'asseoir sur les banquettes au milieu de la rame. J'observe discrètement l'animal, qui a tout pour être le futur sujet de mail que je vais vous envoyer. Il a la tête baissée, il sourit en regardant ses mains, puis le visage se ferme, il regarde autour de lui avec des yeux noirs menaçants. Il me fait flipper, il n'a pas l'air net, je préfère regarder ailleurs. Mais ma curiosité est plus forte que ma peur et je retourne sur le bonhomme. Il continue son sourire de niais de l'homme qui vient de découvrir une pépite d'or dans son tamis et repasse aussi sec à ce visage de tueur. Il semble agressif, sur la défensive, près à sauter au cou de n'importe qui… Je tente une analyse, ne comprends pas ce changement de comportement. Lorsqu'il sourit, il a l'air gentil et un peu con, totalement inoffensif puis, lorsque ses lèvres se crispent, il a l'air sauvage, dangereux, haineux… Il a remarqué que je le suivait du regard, il tente de ne plus regarder ses mains, il me fixe, je baisse les yeux et l'observe du coin de l'œil… Son regard est attiré par ce qu'il cache dans ses mitaines, c'est plus fort que lui, l'attraction est terrible, il replonge dans ses mains et le sourire du gagnant du loto réapparait sur son visage, tel un rayon de soleil sur la blanche colline dans un hiver hivernal du mois de janvier. Puis, enfin devrais-je dire, il temps sa main vers les spots du métro. Entre ses 2 doigts, il tient une boucle d'oreille avec un gros diamant (certainement faux). Il l'observe avec ferveur… Il semble être l'homme le plus heureux et cache aussi vite sa main et regarde autour de lui… Il refera ce manège au moins 5 fois, en examinant de plus en plus ce magnifique bijou… puis il le cacha dans une chaussette qu'il sortit de son sac et qu'il mit dans une petite poche de ce dernier. J'ai malheureusement dû quitter le métro et laisser Gollum, seul avec son précieux… J'en ai encore des frissons dans le dos. J'aurai vraiment aimé savoir, s'il l'avait trouvé par terre, arraché à une oreille, s'il allait pouvoir le revendre, si c'était du toc ou pas… J'aurai aussi voulu savoir si c'était un clodo, mais il n'en avait pas l'air…

mardi 9 février 2010

Le métro ça m'énerve


De : Jean-Pierre

Le métro ça m’énerve. Ce n’est pas tant le métro par lui-même qui m’énerve mais les gens qui l’empruntent.

Petit historique :

En 2004, lorsque je prenais le fameux météor ligne 14, j’étais tout seul à l’intérieur, je pouvais à n’importe quelle heure de la journée choisir ma place.

En 2006, les places assises ont disparu mais je pouvais toujours rentrer dans les rames sans me faire pousser.

En 2008, les problèmes commencent et ça m’énerve… Le métro est plein à craquer lorsqu’il arrive à gare de Lyon et il faut commencer à jouer des coudes pour trouver une place.

En 2010, c’est le bordel… Tu arrives sur le quai, après avoir slalomé entre 10 000 personnes. C’est noir de monde, tu es obligé de laisser passer 5 métros pour pouvoir te retrouver devant les portes. Pendant ce temps tu observes les gens et ils m’énervent. La RATP ironise pendant ce temps, en te passant le message suivant : « Mesdames, Messieurs, merci de vous repartir sur le quai… ». Mais trou du cul, descends donc sur le quai, tu verras qu’il n’y a pas de place pour se répartir… Oh putain, il m’énerve ce gars. Tu arrives enfin devant la porte, les quelques personnes civilisées qui t’entourent forme une haie d’honneur pour accueillir les passagers qui descendent du métro…et au moment où les portes s’ouvrent, il y a là, une vieille bourgeoise endimanchée avec sa grosse valise jaune qui double tout le monde, roule sur nos souliers et bloque la sortie. Ce type même de femme qui se plaint que les jeunes n’ont plus d’éducation… ça m’énerve. Ensuite, tu te faufiles dans le métro en essayant de trouver la place stratégique : celle où tu pourras respirer, te tenir à une barre pour ne pas te vautrer, n’être pas trop loin d’une jolie fille, ne pas gêner la sortie des voyageurs et surtout te permettre de sortir à ta station. Donc là tu patientes et plus tu t’approches de ton arrêt, plus tu stresses. Car la ligne 14, ne t’offre que 20 sec pour descendre du métro. 20 sec, c’est largement suffisant lorsqu’il est vide et devient vite trop juste lorsque 40 personnes sont devant la porte et ne veulent pas descendre pour te laisser passer, sans compter les 15 autres qui veulent entrer par la même porte durant ces 20 sec. Tu me diras, ils n’ont qu’à se répartir sur le quai… ils sont tellement bête ces usagers ! Ils m’énervent. LA RATP n’a pas compris qu’il serait bien d’adapter le temps d’ouverture des portes aux nombres de passagers… Il parait logique que l’affluence influence l’ouverture et la fermeture des portes, mais non et ça, ça m’énerve…

Donc, j’approche de Pyramide. Devant moi, une dame cherche à attraper son sac à terre mais le manque d’espace l’empêche de s’incliner. Elle décide d’attendre l’ouverture des portes. Le train arrive, les portes s’ouvrent et provoque le même effet qu’un coup de pistolet pour le départ du 100M. Alors que la rame entière était immobile, voila que les passagers s’activent, se bousculent et tentent de sortir le plus rapidement possible. Madame continue d’essayer de prendre son sac et elle m’empêche de passer, ça m’énerve. Monsieur ne lui laisse pas la possibilité de prendre son sac et lui passe devant, ça m’énerve. Une autre dame contemple la scène et fait une grimace énervée, ça m’énerve… Une autre voit que ça m’énerve, ça l’énerve et ça m’énerve… Derrière moi, on pousse pour sortir, il ne reste plus que 3 sec, ça m’énerve. La dame arrive enfin à ramasser son sac et prend son temps pour sortir, elle m’énerve. Je me glisse difficilement entre 2 personnes pour accéder à la sortie, ça les énervent… A peine un pied dehors qu’une horde de sauvage s’engouffre dans le métro au même moment où le Bip retentit, ils m’énervent… En même temps, je vois une jolie fille et décide d’accélérer le pas pour me retrouver juste derrière elle sur l’escalator, ça m’excite… Mais alors que j’atteins mon but, une vieille s’immisce entre nous, il ne me reste plus qu’à contempler un vieux cul tout flasque, ça m’énerve…

Non, vraiment, y a pas à dire, mais les transports en commun, ça m’énerve…