jeudi 29 novembre 2007

Trop de gens qui s'aiment


De : Jean-Pierre

Ligne 14, avant-hier soir, station Bercy.

Sagement installé dans le métro, j’essayais de me distraire en cherchant une bonnasse à mater. Le marché aux thons était ouvert, et je ne trouvais rien d’intéressant à fixer dans ma rétine.
Le métro ralentit, arrive à Bercy, les portes s’ouvrent, quelques boudins sortent pour laisser place à d’autres mochetés.

D’un coup j’entends : « Mesdames, Messieurs » et je me dis « oh putain, encore un pauvre qui a passé sa journée à fumer des clopes et à boire du gros rouge, et qui va tenter de me soudoyer quelques euros pour se payer une pute ». Comme tout bon lâche, je tourne la tête de l’autre coté, sans même regarder à quel énergumène j’avais à faire.
Et il reprend « Mesdames, Messieurs… ». Je m’attends déjà à « Yé pa lagent, y les enfants fo manger, si youplait, donne moi lagent » et au contraire j’entends « Cette femme est amoureuse… et c’est moi qui la rend amoureuse comme ça… Ah ah ah ah ».
Putain, c’est pas un connard de pauvre, c’est tout simplement un connard de jeune qui est heureux et qui pense que sa meuf l’aime. Tant d’émotions et de bonheur, m’oblige à regarder dans leur direction… Horreur !!! Oh putain, les gueules qu’ils se tapent les deux cons. Ils sont bien assortis. Et lui, il continue « C’est moi qui l’ai rendu amoureuse » dit-il à voix haute comme un gros blaire qui ne se rend même pas compte qu’il sort avec un monstre. Et elle, elle est de plus en plus rouge et de plus en plus moche, mais elle est fière de son Homme, quelle bravoure, oser déclarer à tout un métro qu’il m’aime.

Oh oui, quelle bravoure !!! Putain rien qu’oser être assis à coté d’un thon pareil c’est un exploit alors dire à tout le monde que c’est ta meuf c’est proche de l’héroïsme.
Enfin, je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça, mais franchement, je ne me vois pas beugler à travers un wagon, que j’aime une meuf et faire mon prétentieux en racontant qu’elle est heureuse grâce à moi.
J’avais envie de m’approcher d’eux et de leur souffler à l’oreille « je comprends que tu sois content d’avoir rendu une femme amoureuse, car vu ta gueule ça ne doit pas être facile, mais faudrait pas trop te vanter non plus, car t’as décroché là un joli spécimen que je n’avais encore jamais eu la chance de rencontrer même dans un zoo ».


Voila, les gens qui s’aiment ça me fait chier.

vendredi 12 octobre 2007

La singularité


De : Le Colonel

Même si je devais arriver à 7h00, ça serait la même chose. Je fais pas de pause café, j'en bois pas. Ca me broute le sacro-saint "café" et tout ce qui tourne autour.
Dès qu'un rendez-vous se pointe c'est "bonjouuur. Un café peut-être en attendant ?"
Réunion "Bon. Qui veut un café ? C'est bon ? Josette 14 cafés s'il vous plait ! Ok, on peut commencer"
"Hé Michel, on s'prend un café !"
"Oh putain, je suis mort... ALLEZ HOP, café !"
Dans le monde de l'entreprise, tu bois du café, c'est comme ça. Alors que ça te fait que dalle mais bon.
Chez toi, tu bois de la flotte, du jus multivitaminé, du coca light, du yop fraise Banane, ce genre de truc. Pastis à l'apéro, Martini, vodka...
Le petit peuple de l'entreprise boit du café parce qu'il faut boire du café.
Parce que, quand il est rentré dans l'entreprise, ben voilà, tout le monde buvait du café, alors bon, le petit peuple de l'entreprise se met au café.
Alors évidemment, tu bois du café parce que, bien sûr, tu aimes le café et pas parce que tu veux faire comme tes petits copains. Ca fait 20 ans que tu bois du café et que tu ne peux pas te réveiller tant que tu n'as pas bu de café. Ben voyons. Et un coup de pied au cul vers une douche froide ça te réveille pas ça ?!
Et au resto, c'est la "Sampé". Ca paie sa chatte, en costard (ou pas), dans le resto, faut le café, le clope et la "sampé". Sinon, c'est pas un déjeuner digne de ce nom.
Voilà. Le costard cintré et la chemise Bruce Field, l'ipod dans le métro, l'écharpe multicolore, les pompes italiennes en pointe, les lunettes carrées noires, la clope, le café, la "Sampé" : tels sont les ingrédients made in Paris pour t'intégrer dans l'entreprise. Puis bon, quand tu rentres chez toi, tu cultives enfin ta singularité avec tes jeans Diesel ou genre Diesel, tes Converses ou tes Asics (marques dont le chiffre d'affaires à augmenter de 8 000 000 % en chaussant toute la France mais tu crois que tu es le seul à en avoir), ta veste kakie sur une chemise débraillée à rayures, tes lunettes carrées noires, tes cheveux légèrement décoiffés, si t'en as, genre "je suis pas comme vous, j'écoute les Underground Century mais tu peux pas connaître parce qu'ils ont pas sorti d'album encore mais moi je les ai vu sur scène à Glasgow, tu vas voir ça va déchirer en France dans 8 ans", puis tu marches dans la rue, l'air détaché de tout, regardant au loin, mais en espérant bien que tout le monde aura reconnu ta singularité "oh la la, lui, il a du style, il doit connaître des groupes que personne ne connaît et il doit lire des livres que personne ne lis, c'est trop dingue, j'en ai jamais vu des comme lui."
Un mec à part quoi.

- L'homme qui n'aime rien ni personne aujourd'hui –

vendredi 5 octobre 2007

Les cons sont partout


De : Mister T

En ce qui me concerne, j'ai opté depuis peu pour l'option de trajet suivante : le matin métro ligne 1 et le soir RER A. J'ai donc pu constater que la population n'est pas la même. Dans le métro, il y a d'abord les gros PD du cul entre Bastille et Chatelet, puis les cons de touristes avec leur plan de Paris à la main entre le Louvre et les Champs, puis enfin les enculés. Les enculés, ce sont ces connards au costard Hugo Boss à 800 roros, au petit sourire narquois de petit blanc bec plein d'assurance qui gagne son bureau de bâtard de trader de merde à 12000 €/mois, métier, si on peut appeler ça métier, qu'il exerce grâce à son diplôme d'école de commerce acquis lui-même grâce au pognon de papa-maman les gros bourgeois, ceux pour qui on a baissé le bouclier fiscal à 50% parce que quand même ils étaient entrain de crever de faim, mettant ainsi en péril l'économie française.
Dans le RER A, il y a plus de prolos. Des gens qui viennent de plus loin, parfois même de l'autre côté du périph', la province quoi. Ces gens-là sont moches et mal habillés. Ils devraient d'ailleurs travailler la nuit pour éviter de se montrer et ainsi faire peur aux braves gens.
Mais à ma grande joie, j'ai remarqué que ces 2 populations ont une attitude similaire dans les transports en commun. Je ne reviendrai pas sur celle des animaux du RER qui a déjà été narré de fort belle manière précédemment. Je préférerai raconter une anecdote survenue cette semaine dans le métro, ou tromé comme disent les jeunes. Alors que la rame dans laquelle je me trouvais était bondée de chez bondée, nous arrivons à Charles De Gaulle Etoile. Là 2-3 bourgeois poussent pour monter, et y parviennent en compressant leurs congénères déjà présents dans la boîte à sardines. A ce moment-là il n'y a vraiment plus un cm² de libre. Malgré cela, un sombre connard toujours sur le quai, costard impeccable, manteau tout aussi impeccable, lunettes et raie sur le côté, déclare avec un accent anglais à la con (ceci est un pléonasme) : "Avancez, il y a beaucoup la place" (sic). Se prenant pour Raphaël Ibanez, il a donc poussé le pack des voyageurs compressés, s'est retrouvé au niveau de la porte lorsque celle-ci s'est fermée. Il se l'est donc mangé, a dû ressortir et a continué à gesticuler sur le quai alors que le métro filait vers la magnifique station "Argentine" poil à la pine.
Les cons sont partout.

Le Justicier


De : Jean-Pierre

Oui je partage ton avis, je trouve les français très mal élevés. Moi aussi, je ne supporte pas les blaireaux qui te doublent au moment ou toi tu laisses descendre les autres du train.
D’ailleurs, Mercredi soir, j’étais à 2 doigts d’éjecter quelqu’un du RER C. Vu que je suis courageux, il s’agissait d’une jeune ado, d’1m50 et qui devait peser tout au plus 35 kg. Le train s’arrête à Juvisy, je m’apprête à descendre et v’la que la connasse monte en me bousculant. J’ai voulu lui barrer la route et lui mettre un bon coup d’épaule à la Chabal qui l’aurait probablement expulsée à 50 mètres de là, mais je ne sais pas pourquoi j’en ai rien fait. Peut-être que je suis trop souple, je pardonne trop facilement.Parfois, j’aimerais être comme mon pote Christophe 2m02 (un vrai 2 mètres, pas un truc du genre tu dis que tu mesures 2m alors que tu ne fais que 1 m 97) et 100 Kg de muscles (bah avant c’étaient des muscles, mais les années passant, il approche les 130 kg de graisse). Putain, mais avec un corps comme ça, tu dois faire flipper les gens. Tout le monde doit te respecter. En même temps, lui, je crois que je ne connais pas plus gentil et il ne sait pas profiter de son corps. En fait, je pense qu’il flippe de sa force. Sa mère me disait que dès qu’il y avait une embrouille, il était le premier à se débiner, alors que son nain de frère (mon pote David = 1m80 ; 120 kg), lui était le premier à rentrer dedans…
Bon, bah si j’étais comme eux, si j’avais un corps impressionnant, je pense que dès qu’un gars manquerait de respect (du genre parler trop fort, sentir mauvais, pousser des gens, draguer une meuf super bonne, agressif, pas beaux…), je lui mettrais la pression : « Ecoute connard, tu vois mes fulguropoings ? Si t’as pas envie d’y goûter, tu fermes ta gueule et tu te mets bien ».
Au lieu de ça, je suis obligé de fermer ma gueule et de me dire : « J’vais le niquer ce connard, j’vais le niquer, et puis merde, je change de wagon ». Pourtant je pourrais essayer de lui dire « Ecoute connard, tu vois mes fulguropoings, si t’as pas envie d’y goûter tu fermes ta gueule et tu te mets bien », mais la probabilité qu’il me foute un coup d’astérohache dans la tronche avant que je termine cette phrase est trop élevée.
Conclusion, je hais les golgothes et je suis un putain de lâche, j’aurais du apprendre à me battre au lieu de faire de la course à pied.

mercredi 3 octobre 2007

La remplaçante


De : Le Colonel

Que dire que dire…
A part que ton mail sur la podologue m’a bien fait poiler.
Perso, une fois, la secrétaire médicale de mon médecin habituel m’a collé avec une remplaçante. Bon, j’accepte. Je ne vais pas faire le difficile, un médecin, c’est un médecin. Le jour du rendez-vous arrive. J’entre dans le cabinet. Mon Dieu… une bonnasse. En blouse. Décolleté. Le mythe. Le fantasme absolu sous mes yeux : la bonne dans une blouse blanche avec un décolleté de ouf qui va m’ausculter.
« Qu’est-ce qui vous amène ? »
« J’ai mal aux testicules »
« Allongez vous, je vais regarder ça »
« Euuh… j’enlève tout »
« Ah oui, sinon, ça ne va pas être pratique »
Je m’allonge. Elle se penche vers moi.
« Alors, voyons voir ça. Où avez-vous mal exactement ? »
« Au testicule droit. Une douleur qui remonte parfois dans le bas ventre, juste au dessus de mon… sexe »
« C’est peut-être dû à une fragilité du canal. Vous me dites quand ça vous fait mal »
Là, de sa main droite aux ongles longs peints en rouge, elle saisit délicatement mon testicule droit. Commence à le malaxer pour trouver le point de contact entre ledit canal et mon testicule.
J’essaie de penser à autre chose. Je fixe les néons blancs installés au plafond, pense à ce que je vais manger ce midi. Evidemment il fallait que je pense à un plat de moules farcies. Merde.
Et mon regard parcourt sa bouche pulpeuse au rouge à lèvres rouge vif, sa peau mat sans imperfections.
Son parfum sucré titille mes sens. Je deviens fébrile. Mon cœur s’emballe, je transpire. Une fine goutte de sueur perle de mon front. Ce qui ne lui échappe pas.
Elle me jette un regard malicieux.
Sa main englobe maintenant mes deux testicules puis remonte le long de mon sexe dont je ne peux plus contrôler l’érection.
L’avant dernier bouton de sa blouse saute quand elle se penche vers mon sexe pour l’englober de sa bouche.
Les bouclettes de sa chevelure blonde caressent mon bas ventre.
Elle s’arrête, déboutonne complètement sa blouse dévoilant une poitrine opulente dans laquelle je me jette.
Elle m’enjambe, saisit mon sexe pointé vers le ciel et le glisse dans son vagin chaud et humide.
Je saisis ses fesses dans mes mains pour accompagner nos mouvements.
Elle se penche en arrière, contracte son corps, gémit puis jouit à gorge déployée.
A mon tour, au comble de l’excitation, je sens la semence monter. Elle sent également le point d’orgue de notre relation venir. Je me retire, elle saisit ma verge à pleine main et me fait jouir sur ses tétons durcis.
« Il marche très bien ce canal… » finit-elle par me susurrer à l’oreille…
Voilà ce que j’ai eu le temps d’imaginer en quelques secondes, le temps d’entrouvrir la porte en entrant dans le cabinet de cette fameuse remplaçante. Finalement, le réel me rattrape. Je m’assois en face d’elle.
« Qu’est-ce qui vous amène ? »
« Euh… j’ai un champignon sous l’ongle de mon gros orteil gauche »
………

La Podologue


De : Jean-Pierre

La porte s'ouvre alors que j'attends patiemment mon RDV en lisant un bouquin d'histoire de 3ème sur Napoléon. Une femme entre dans la salle d'attente, une femme dis-je, non mon Docteur Podologue, elle me demande de la suivre dans son bureau, je m'exécute.
Elle est jeune, je me demande donc si elle ne manque pas un peu d'expérience pour faire ce travail. Le doute m'habite et la question à ce moment précis est : « mais est elle bonne ? » oh oui putain de merde qu'elle est bonne avec ses 1m75, sa taille de guêpe, ses petits seins bien ronds, ses yeux noisettes, ses lèvres pulpeuses et sa longue chevelure blonde. Comment que je la kiffe ma podologue. Et moi qui pensais me retrouver face à un vieux barbu, quel bonheur.
Elle me demande de m'installer dans un siège surélevé, alors qu'elle se place sur un tabouret abaissé, qui fait que lorsqu'elle me parle, elle me regarde droit dans la bite. Et pendant qu'elle me caresse délicatement le pied pour voir d'où vient la douleur, elle ne quitte pas des yeux ma braguette et moi je ne la quitte pas des yeux… Elle parle, mais je n'entends rien, je suis conquis, sous le charme. Je ferme les yeux, penche ma tête en arrière et savoure ce doux moment.
« Et là ça vous fait mal ? »
« Aïe, putain mais oui ça me fait mal, c'est là que j'ai mal, merde faite doucement, on n'est pas des brutes »
« Mr est sensible ? »
Bon elle continue à me parler et commence à me lécher les doigts de pied comme si c'était mon phallus…non ça, ça n'est pas arrivé…Dommage.
Enfin bon, elle est vraiment trop belle. On a parlé course à pied et j'ai déjà pris un RDV pour la semaine prochaine et un pour le mois de novembre. Elle veut me conseiller dans le choix de mes running, car Mademoiselle est spécialiste du sport. On a tout pour s'entendre à merveille. J'ai des pieds pourris, je cours, et elle, elle est bonne. Je sens que je vais avoir mal souvent aux pieds.
Le seul problème, c'est qu'elle a les mains qui puent des pieds…

vendredi 13 avril 2007

Le train de l'aventure


De : Le Colonel

Messieurs bonjour,


Quelques lignes afin de vous conter mon exceptionnelle aventure de ce matin.

Il s’avère que pour aller « bosser », je prends le train. Incroyable non ? Bon. Voilà déjà la première partie de l’aventure.


Figurez vous que j’en prends même deux.

Alors là, ça devient carrément palpitant n’est-il pas ?


Bref. Au risque de vous décevoir, le meilleur n’est pas là.


Ca fait déjà un petit bout de temps que ça dure ces petits trajets en train. Du coup, je ne fais plus trop gaffe à grand-chose, ni aux kosovars qui rentrent des chantiers avec leurs petits sacs à dos et au bout de doigts encore blancs du plâtre remué, ni aux costards-cravates qui lisent les pages roses du figaro et rient en pouffant du nez, ni aux lascars qui écoutent du rap haut et fort avec leurs portables et qui regardent tout le monde avec des yeux qui disent « je t’emmerde », ni aux turcs qui affichent une dent sur deux sous leurs moustaches, ni à tous ces gens qui parlent super fort ou dans des langues que je ne comprends pas (« Wooulli oulganama biambollo ! »). Bref, je descends, je prends mon train, je remonte et je vais me faire chier.


Mais voilà qu’aujourd’hui, une sorte de peur palpitante a réussi à me sortir de mon zonage quotidien…


Mon trajet en RER D se déroule à merveille. Une nana en face de moi se tape MUSE à fond dans son MP3. Mon voisin de droite s’assoit limite sur mes genoux (il ne m’a même pas vu. Il doit mesurer 2m13 et peser 122 kg et me voilà collé à la fenêtre). Imperturbable, je continue à lire le chapitre sur les nitrates dans Mal de Terre de Hubert Reeves.

J’arrive à Gare de Lyon. Rien à signaler. Je fais la gueule. Tout m’emmerde. Je regarde mes pompes en marchant. Un début de journée de semaine classique.

Je m’engage dans les escaliers me menant au quai du RER A, direction Marne la Vallée Chessy.

Comme tous les matins, je passe entre les cabines téléphoniques et le Relais H. Comme tous les matins, je jette un œil au panneau d’affichage. Comme tous les matins je fais une petite pause au Relais H et je m’attarde sur les couvertures de National Géographique, Grand Reportage, Géo et Ushuaïa et comme tous les matins, pantois devant ces couvertures, je lâche un « les enculés… ».

Mon train arrive. Je détache mes yeux des couvertures. Je m’élance vers mon train tel un Bambi dans la forêt.


D’après l’affichage sur le quai, le train n’est pas omnibus. Qu’importe. Je monte….

Et une douce voix annonce…… « Contrairement à l’affichage sur le quai, ce train ne desservira pas les gares de X et Y » puis le conducteur enchaîne « Veuillez ne pas tenir compte de l’annonce faite sur le quai ni de l’annonce faite à l’instant dans le train »….

Je suis frappé de stupéfaction.


Mon rythme cardiaque s’emballe. Une goutte de sueur froide coule le long de mon visage. Mon souffle se fait court. Mes mains deviennent moites. Grand Dieu…… !
Mais……. je suis monté dans LE TRAIN DE L’AVENTURE QUI NE VA NULLE PART ET PARTOUT !!


L’inconnu me frappe de plein fouet. Mais où allons-nous alors ? Où mène ce train ? C’est incroyable... Je n’ose penser à la décision que je dois prendre immédiatement car la sonnerie retentit… Dois-je rester dans ce train fou dont je ne connais pas la destination ?!

Vite Colonel. Vite. Décide-toi. La foule panique. Des hurlements retentissent.
Une immense vague d’individus affolés se rue vers les portes, dans les couloirs.
Des femmes, des enfants tombent à terre piétinés par des humains sans foi ni loi que la terreur condamne à la barbarie.

Ma vie, par flashs successifs, se déroule devant mes yeux. Je sais que je n’ai plus que quelques instants pour me décider.

Vite. Vite Colonel.


Un temps suspendu. Je prends pleine mesure de ce qui se passe autour de moi. Etrangement serein. Je m’accroche à la barre, lève la tête. Je viens d’accepter mon destin. Je reste. Les portes se ferment.


Le train s’ébranle. Doucement, le train s’enfonce dans la noirceur d’un tunnel…


« Mesdames, Messieurs, contrairement à l’affichage, ce train sera sans arrêt…krrrrrrr…. »

jeudi 15 mars 2007

Le stagiaire marketing


De : Jack

Messieurs,

Mon petit plateau repas à la main, ce midi, je vais rejoindre mes camarades de service pour profiter de mon carré de porc à la sauce au miel aigre douce. Je m'assois, sans l'avoir cherché à côté de Marie-Charlotte.
Séparés de nous par quelques places, déjeunent, quand nous nous asseyons, un petit groupe de jeunes stagiaires du marketing stratégique. Deux filles et un garçon.

Nos discussions de repas commencent. Pas trop éloignées du boulot pour certaines, un peu plus en ce qui me concernent avec Jeff.
Alors que je viens d'attaquer le dernier quart de l'assiette de mon plat de résistance, deux autres collègues de mon service nous rejoignent en s'insérant entre nous et les stagiaires. Dès lors, les groupes sont en relation. Nous allons pouvoir nous mélanger... Deviser.

Un camarade entame la conversation avec le stagiaire. Il lui demande quand se termine son expérience chez X. S'il est content de ce qu'il a fait jusqu'alors... Les perspectives qui s'ouvrent à lui.

Et là, je suis entré dans la quatrième dimension.

Le gars, stagiaire donc, ayant une petite vingtaine de piges. Avec sa petite cravate et son beau costard, entame une discussion dans laquelle apparaîtront les termes : "croissance externe", "évolution de carrière", "potentiel international" et autres bizarreries du type...

Et soudain me revient dans la gueule, comme une baffe, mon passé. Pas si lointain, au fond : je me revois stagiaire. Je me revois causant avec mes maîtres de stage ou collègues d'alors. Et il me semble n'avoir absolument jamais utilisé de tels termes.

Une chose est sûre dans une petite vingtaine de mois, il sera intégré dans une direction marketing, aura certainement un métier passionnant lui bouffant tout son temps... Sa vie peut-être.
Mais putain, il a 20 piges. Il était avec deux meufs dont une pas mal du tout. Essaie de lui bouffer le cul mon gars !

Essaie de vivre !

Essaie de rire !

Sourire au moins !

De : Le Colonel

Oui ! Qu’il lui bouffe le cul !! C’est ça le monde de l’entreprise ! Moi c’est ce que j’en retiens. Dans le monde de l’entreprise, il y a un potentiel de bouffage de cul incroyable !! L’entreprise, c’est un baisodrome.

dimanche 11 mars 2007

La course des 3 pignons


De : Le Colonel

Figurez-vous qu’en ce dimanche matin, je me suis fait la course verte des 3 pignons.

Eeeeeh oui ! Et bien m’en a pris car j’ai explosé le chrono… mais dans l’autre sens.

Il y a 1 mois de cela environ, Jean-Damien (que je ne présente plus désormais) me lance la question suivante : « tu serais motivé pour les 3 pignons ? ».

Et j’ai dit oui.

Ben voyons !

Zéro entraînement, 16 bornes dans les 3 pignons, je vous laisse imaginer.

Quoi qu’il en soit, je m’aligne sur la ligne de départ, au beau milieu de cette fameuse race de coureurs en moule burnes, en maillot orange et violet « ASPTT Triathlon Bures-sur-Yvette », « La foulée du Sanglier 2003 », entourés de 5 quinquas avec la même tenue « Athlétisme club Pontault-Combault » et le petit short/slip qui va bien…

Me voilà au milieu de tous ces galopeurs qui s’échangent entre eux des « Oh salut Michel ! Je t’ai pas vu la semaine dernière aux 10 kms d’Iteville ?! », « Eh Gérard il nous a fait un 52’14’’ y a 2 semaines aux 15 bornes Nandy ! », « T’y vas toi à la Foulée des Biches la semaine prochaine ? Moi je sais pas. Je vais voir ce que je fais aujourd’hui. Mais depuis le Médoc, j’ai mal au genou ».

Bref, quoiqu’il en soit, je sais bien que ces Michel, Gérard et autre Bernard, ainsi que les pompiers qui sont collés à la ligne de départ depuis 6h du mat’, vont me mettre minable, même s’ils ne ressemblent à rien tous ces vieux qui courent.

BANG. Le départ est donné. Je suis chaud. Je me suis étiré avant pour faire comme tout le monde, j’ai trottiné. Je me sens chaud. Du coup, j’en double un paquet. C’est déjà ça de pris d’avance. Je vais essayer de mettre un peu de distance avant qu’ils ne me rattrapent d’ici une demi-heure.

Je scotche sur une petite blonde super canon. Je la colle. Je matte son cul, ça fait oublier la douleur qui commence déjà à se faire ressentir alors que je viens à peine de passer le petit panneau bleu qui marque « 3 km »…

Ils auraient tout aussi bien fait de marquer « T’es pas arrivé mon coco espèce de merde physique » sur ce foutu panneau. J’entame un décompte. Plus que 13 bornes.

Oh bordel, je vais pas tenir… Merde, le petit cul prend déjà la poudre d’escampette.

Honte sur moi. Il m’en faut un autre à mater, vite. Ah ! En voilà un… Quel bonheur ces tenues de sport pour nanas... je l’emmènerai bien dans les buissons celle-là…

6 km. Mon deuxième petit cul s’en est allé… Ca y est, je dois être en queue de peloton, il n’y a plus que des vieux culs qui traînent. Normal. Ca fait belle lurette que les petits culs sportifs sont partis loin devant. J’ai même plus ça à me mettre sous la dent.

7 km. Je m’arrête pour pisser (sauf que j’ai pas envie mais je suis mort…).

10 kms. Ravito. Je me jette sur le chocolat, les oranges, la flotte. J’ai même pas de montre, je sais pas où j’en suis. Je chope une nana, je lui demande. 1h03. Putain pas mal. 10 bornes en 1h03. Seulement voilà, j’ai plus de jambes. Je repars en trottinant. Et là, accrochez vous bien, j’affiche 3 crampes en 3 kilomètres. Pour le coup, je suis vraiment mal. Je croise même un commissaire qui est déjà en train de plier les chaises, les fanions… Blasé je m’arrête et je cause un peu avec lui. Il me rassure et me dit que je ne suis certainement pas le dernier. Du coup je me retourne.

Il a raison le garçon.

J’aperçois, au loin… les handicapés poussés dans leurs chaises par d’autres
coureurs !

Je reprends une petite foulée pour m’arrêter à nouveau 500 mètres après, histoire de causer avec un photographe qui avait un bel appareil.

Il est mort de rire de me voir m’arrêter pour causer photo au milieu de la course.

Mais mine de rien, les kilomètres passent et j’en arrive à voir la ligne d’arrivée, là bas, au loin où Jean-Damien m’attend depuis un bon quart d’heure, facile. Allez, dernier coup de collier, j’arrive en trottinant. Les gens m’applaudissent !!!! Quel honneur !!!!! Je me retourne…. Ah… ce sont les handicapés qui arrivent. Tout le monde se fout de ma gueule et applaudit les handicapés.

Du coup, je me retourne et je fais pareil. Bravo les handicapés.